Pour jardiner en respectant la biodiversité, il faut changer le regard que l’on porte habituellement sur notre jardin ou notre balcon : accepter le désordre, l’irrégularité, les surprises… Cela implique aussi de s’intéresser aux espèces animales et végétales qui nous entourent pour apprendre à cohabiter, même avec celles que l’on juge envahissantes ou gênantes.
La meilleure méthode de jardinage pour la biodiversité est simple : elle consiste à ne rien faire ! Comme il aurait été compliqué de finir cet article dès l’introduction — et aussi parce que “ne rien faire” n’est pas toujours simple ni suffisant — on vous détaille ici quelques techniques pour devenir un véritable hôte de la biodiversité chez vous.
1- Zéro pesticide au jardin
C’est la règle numéro 1 qui, si elle n’est pas suivie, anéantira toutes les autres actions (d’accord, on aime faire dans le mélodrame). L’utilisation de produits chimiques pour protéger ou tuer certaines espèces indésirables aura une cascade de conséquences : contamination du sol et des eaux souterraines, empoisonnement des animaux qui vivent ou se nourrissent des plantes traitées, pollution des plantes consommées, etc.
2- Favoriser la biodiversité végétale
Impossible de protéger la faune sans protéger aussi la flore, puisque l’une dépend de l’autre. Au-delà de cet intérêt direct, la biodiversité végétale a aussi une valeur intrinsèque : il s’agit de notre patrimoine végétal ! De nombreuses espèces végétales locales sont en déclin au profit d’espèces exotiques et parfois invasives. Privilégiez les plantes locales et préservez celles qui sont présentes naturellement chez vous.

3- Jardiner pour toutes les saisons
Ne concentrez pas tous vos efforts pour fleurir votre jardin ou balcon en été : c’est la période où les animaux trouvent le plus facilement de la nourriture. Pour être un hôte apprécié, il faut ouvrir son auberge tout au long de l’année !
De même, ne vous précipitez pas pour tout tailler et couper en automne ; laissez venir les graines et les fruits, faites fleurir votre pelouse au début du printemps et pensez aux plantes qui s’épanouissent entre octobre et mars (primevères, narcisses, mimosa, bruyère…).
4- Laisser traîner le bazar
Un conseil qui plaira aux plus flemmards : arrêtez de tout ramasser, nettoyer, vider dans votre extérieur. Ce que vous voyez comme du bazar est susceptible d’être un refuge, un nid, une cachette. Un nettoyage trop fréquent effraye les animaux de passage chez vous. Laissez traîner vos pots, un tas de bois, de feuilles mortes ou de branches, notamment à l’approche de l’hiver. Plus largement, un coin sans intervention (un bout de pelouse, une plante sur votre balcon) permet d’offrir un espace protecteur.

5- Prévenir au naturel
Plutôt que d’utiliser des produits, mêmes naturels, misez sur la collaboration des plants et des animaux pour protéger vos plantatiosn.
Les plantes qui font le job des produits chimiques
- Souci : repousse efficacement les pucerons et les mouches blanches.
- Toutes les plantes aromatiques : attirent les pollinisateurs et repoussent de nombreux insectes grâce à leur odeur puissante.
- Capucine : une véritable plante martyre qui détourne les pucerons déjà présents.
- Œillet d’Inde : contre les limaces qui adorent la dévorer.
- Tanaisie : la championne pour lutter contre les insectes et pour protéger des maladies cryptogamiques (comme le mildiou).
Les animaux qui font le job des produits chimiques
- Coccinelles : dévorent les pucerons.
- Oiseaux : consomment les vers, les chenilles ou les limaces.
- Staphylin : ce petit insecte se nourrit de limaces, escargots et vers.
- Toutes les araignées : régulent la population de mouches, moustiques, pucerons.
- Gendarmes : ces insectes rouges et noirs se nourrissent de végétaux mais aussi d’œufs d’insectes.
- Sauterelles, grillons : adorent les insectes.
6- Une pelouse accueillante
Il est tout à fait possible de trouver une méthode de tonte qui réconcilie la biodiversité et votre vie quotidienne. À vous de choisir :
- zéro tonte aux pieds des haies, arbres et arbustes sur une bande de quelques centimètres.
- une tonte à 6 cm de hauteur pour accueillir les fleurs mais éviter les graminées, notamment en cas d’allergies (eh oui, votre tondeuse peut se régler sur différentes hauteurs de tonte) !
- une tonte de 7 à 8 cm de hauteur mais plus fréquente, pour avoir une pelouse bien verte.
- une tonte plus rase devant la terrasse et sur un espace pour les enfants
- la méthode du mulching : la tondeuse rejette les brins coupés sur le sol puis les recoupe en repassant dessus. Ils vont se décomposer et nourrir le sol (et ses habitants).
- un arrêt de la tondeuse pendant 3 à 4 semaines au printemps pour nourrir le plus possible d’insectes. Il faudra néanmoins couper en plusieurs fois.
Dans tous les cas, il faut toujours commencer par le centre de sa pelouse pour donner le temps aux insectes d’évacuer la zone (et ne jamais tondre la nuit pour préserver les hérissons… et vos relations avec les voisins).

7- Des idées de plantes locales
Quelques plantes locales (France métropolitaine) :
- Chèvrefeuille des bois
- Clématite des Alpes
- Cardère
- Mélisse officinale
- Bourrache
- Géranium sanguin
- Campanule
- Marguerite
- Petite pervenche
8- Faire dormir les animaux
Le plus simple est de laisser traîner quelques branches et feuilles mortes dans un coin du jardin, près d’une haie par exemple. Vous pouvez installer un nichoir, fabriquer un abri pour hérissons ou un hôtel à abeilles solitaires. Toutefois, le meilleur hôtel pour les animaux reste votre jardin. Les hôtels à insectes par exemple, sont parfois mal construits ou installés au mauvais endroit, la cohabitation entre les espèces y est difficile et ils sont finalement peu utilisés.
Si vous souhaitez que vos pensionnaires restent et reviennent, il est important d’éteindre les lumières. La pollution lumineuse est responsable, au même titre que les pesticides, de l’effondrement de la biodiversité. Chez vous, privilégiez les éclairages à la lumière jaune, éclairez brièvement (oubliez les spots lumineux allumés toute la soirée) et toujours vers le sol (évitez de transformer votre jardin en piste d’atterrissage).

9- Surveiller son chat
Votre chat ou celui de vos voisins est une menace directe pour la biodiversité de votre jardin. Chasseur par instinct, il va rapidement repérer les nids et les oiseaux, les lézards ou les mulots. Il aime aussi se faire les griffes sur les arbres et gratter la terre (surtout quand vous venez de semer des graines). Aux États-Unis, les chats sont responsables de la mort de 4 milliards d’oiseaux par an et sont soupçonnés d’être à l’origine de l’extinction de trois espèces de volatiles.
Quelques conseils : nourrir correctement son chat, mettre une clochette sur son collier, éviter de le faire sortir après la pluie et tôt le matin.
À écouter : “Votre chat est-il l’ennemi de la biodiversité ?”.
10- Devenir refuge pour la biodiversité
Le programme Refuge LPO permet de labelliser un espace public mais aussi privé (jardin, cour ou balcon) comme “refuge pour la biodiversité”. Vous vous engagez ainsi à respecter la charte LPO ainsi que plusieurs gestes pour protéger la biodiversité chez vous. Plus de 35 000 jardins et balcons sont déjà labellisés ! Il vous suffit d’adhérer à l’association (35 €) et de vous inscrire sur le site de la LPO pour recevoir le livret d’accueil, les livrets pédagogiques pour vous guider et un nichoir !
En Belgique : vous avez le “Réseau nature” de natagora.

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