Réaliser un compost pour les débutants en 3 étapes :
Il existe plusieurs façons de composter. Le compostage dit “de jardin” se fait grâce à une montée en température des biodéchets et demande un fort besoin en oxygène dès le début. Le lombricompostage, très adapté aux appartements, est un compostage à froid comprenant moins de micro-organismes vivants, les lombrics réalisant l’essentiel du travail. Enfin, le bokashi (nom japonais qui signifie “matière organique fermentée”) n’est pas un procédé de compostage à proprement parler, car il agit sans oxygène et uniquement à l’aide de micro-organismes efficaces (EM).
Dans tous les cas, la transformation des matières organiques permet d’obtenir un produit riche et fertilisant appelé “compost”. Composter, ce n’est, finalement, que reproduire chez vous ce que fait la nature. Un geste logique et écologique qui dessine un cercle vertueux entre l’assiette, le végétal et la terre.
Étape 1 : Choisir le type de composteur
Le choix du composteur se fait principalement en fonction de votre type d’habitation (avec ou sans jardin), mais aussi en prenant compte de la taille de votre famille, ainsi que de vos préférences personnelles (il ne s’agit pas d’être dégoûté par son compost !).
Si vous avez un jardin :
● Le compostage en tas
Pour composter à l’air libre ! Choisissez un emplacement pratique, à une distance suffisante de la maison et du voisinage, idéalement entre deux arbres pour apporter ombre, fraîcheur et couper du vent. Vous pouvez simplement déposer votre compost à cet endroit, en formant un petit tas. Il est conseillé de faire 2 tas : le premier accueillera vos biodéchets et la matière carbonée durant 3 à 4 mois, puis, vous pourrez créer un second tas à ce moment-là. Cela permettra au premier de maturer tranquillement pendant que vous continuerez à alimenter le second.
Cette technique est la plus simple à mettre en place et elle favorise une très grande biodiversité : au-delà des lombrics et autres micro-organismes, les oiseaux, hérissons, musaraignes, etc. peuvent venir se nourrir, sans s’y installer.
Attention : un compost n’est pas un dépotoir ! Il doit toujours être “beau” : aucun déchet ne doit être laissé à la surface. Pour cela, au moment de l’apport, on mélange, on enfouit et on ajoute des matières sèches par-dessus.
il n’y a pas plus simple à mettre en place
peu esthétique si vous avez un petit jardin
● Le composteur
Il s’agit d’une boîte, en bois (plus esthétique) ou en plastique (tout aussi efficace), surmontée d’un couvercle et, le plus souvent, munie d’une trappe en bas pour récupérer le compost mûr. Ce mode de compostage vous permet d’entreposer vos déchets sans qu’ils soient visibles. Installez le composteur de préférence en contact direct avec le sol, dans un lieu ombragé, à l’abri du vent et du soleil. Vous pouvez également le déposer sur une dalle en béton, pour limiter la présence de nuisibles (celle-ci étant toutefois le signe d’un déséquilibre dans votre compost…) ou sur un grillage (attention alors à ne pas l’abîmer lors du brassage). Prévoyez toujours un emplacement où il ne vous dérangera pas en cas de problème : évitez, par exemple, de le placer sous une fenêtre, collé à la maison ou trop près des voisins.
le grand classique du compostage, adapté à tous
(-) prend un peu de place dans le jardin
Si vous êtes en appartement ou si vous ne disposez pas d’espace vert :
● Le lombricomposteur
C’est un mini-composteur spécialement étudié pour les espaces réduits, fait de plusieurs boîtes empilées les unes sur les autres. Placez-le dans votre cuisine ou, si possible, dans une pièce subissant peu de variations de température (un cagibi ou un garage par exemple). Les lombrics n’aiment pas le bruit, les vibrations et la chaleur. La température extérieure idéale est située entre 15°C et 25°C (minimum 5°C et maximum 30°C).
Il existe des lombricomposteurs de différentes tailles : pour une famille de 4 personnes, comptez 3 bacs de 18 litres et 150 à 500 grammes de vers. Vous pouvez l’acheter, en demander un à votre collectivité (si vous habitez en milieu urbain) ou le fabriquer vous-même (un DIY vous attend dans l’article suivant).
idéal pour les appartements, très facile à fabriquer
déconseillé pour les personnes allergiques à la vue des vers !
● Les pots, meubles ou potagers lombricomposteurs
Ces meubles “hybrides” permettent de composter en toute discrétion : ils se mêlent à votre décoration ou à vos pots de fleurs ! La plupart de ces systèmes compostent en nourrissant directement vos plantes. Ils permettent également de réduire l’arrosage, grâce à l’humidité et à l’aération des lombrics. Vous pouvez récupérer le compost mûr et/ou le lombrithé pour amender vos autres plantations et jardinières.
Quelques suggestions :
Le pot de fleurs des Transfarmers est un composteur design en terre cuite, conçu et fabriqué en France. Il peut être placé en intérieur ou en extérieur.
Le Patiocomposteur de l’entreprise savoyarde Neomind est un potager composteur, à installer en balcon ou sur terrasse, pour composter et cultiver vos légumes.
La marque Mon Petit Potager propose des potagers composteurs, format jardin ou format balcon (bientôt disponibles à la vente).
Si votre espace extérieur est réduit, il existe des systèmes verticaux ingénieux, comme le Vertika ou le Jardicomposteur.
Le Natuco est, lui, un véritable meuble, parfaitement adapté aux petites surfaces : il ne nourrit pas directement vos plantes, mais vous permet de récupérer compost et lombrithé, tout en se fondant totalement dans votre décoration.
très esthétique
capacité de stockage limitée, prix assez élevé
● Le bokashi
À privilégier si vous ne souhaitez pas avoir de vers ! Le bokashi utilise un procédé différent du compostage classique car il passe par une étape de fermentation en environnement anaérobie (sans oxygène). C’est un seau complètement hermétique, de petite taille, qui trouve facilement sa place dans la cuisine. Vous pouvez y entreposer tous vos restes de repas, y compris viandes, poissons, agrumes et aliments cuits. Vous en trouverez en magasins de jardinage, de bricolage ou sur bokashicompost.be.
À chaque apport de déchets, vous saupoudrez d’activateurs de bokashi (à acheter) : ce sont les micro-organismes efficaces qui font le travail de digestion. Si possible, découpez vos déchets en petits morceaux pour accélérer la rapidité de compostage. Lorsque le seau est plein, gardez-le fermé pendant 15 jours. La matière fermentée — ou digestat — doit ensuite être mélangée à de la terre pour se transformer en terreau. Durant tout le processus, le robinet vous permettra de récolter du “thé de bokashi”. Ce jus est un excellent fertilisant pour vos plantes. Attention à bien suivre les consignes pour utiliser correctement le digestat et le jus (rendez-vous dans notre article “L’utilisation du compost”).
Il est recommandé d’avoir 2 seaux bokashi car l’un servira au dépôt pendant que l’autre fera fermenter le compost jusqu’à maturité.
temps de fermentation plus rapide (2–3 mois en tout) et possibilité d’inclure pratiquement tous les restes alimentaires
nécessité d’acheter des activateurs de bokashi
● Les aires de compostage partagées
Si vous ne souhaitez ou ne pouvez pas installer une solution de compostage chez vous, vous pouvez déposer vos biodéchets en commun avec les habitants de votre résidence ou de votre quartier. Au quotidien, vous disposez vos déchets à l’intérieur de votre “bioseau”. Puis, vous les déposez dans le composteur collectif une à deux fois par semaine.
> Dans votre résidence : Si vous souhaitez installer des composteurs en bas de votre immeuble, rapprochez-vous de votre communauté d’agglomération afin d’en connaître les modalités. Le plus souvent, il faut être une dizaine de foyers volontaires pour débuter un compostage collectif. Vous disposerez alors de 3 bacs à composts minimum : un bac pour les apports, un bac pour le compost en cours de maturation et un pour le compost mûr. Selon la taille, le lieu et le nombre de foyers investis, une organisation pourra être mise en place avec des jours et des horaires d’apports.
> Dans un jardin partagé : De nombreux parcs ou jardins de quartier proposent maintenant une zone avec des composteurs à disposition (parfois réservée aux habitants du quartier). Vous pourrez aussi prélever du compost mûr pour nourrir vos plantations.
convivialité de ces lieux de partage, qui organisent souvent des “apéros compost”
nécessité de se déplacer (ne pas stocker les déchets plus d’une semaine chez soi au risque d’avoir odeurs et moucherons)
Étape 2 : Quels sont les déchets à mettre dans un compost : LA bonne recette !
Qu’est ce qu’il faut mettre dans le compost ?
Tout ce qui vient de la terre retourne à la terre : tout ce qui est dégradable dans la nature peut donc l’être dans votre composteur. Mais, attention ! Un bon compost résulte d’un équilibre subtil entre l’azote, le carbone, l’eau et l’air.
50% de vert : Déchets humides qui apportent de l’azote
- Fruits et légumes, même pourris (à découper s’ils sont entiers)
- Fanes et épluchures
- Marc de café avec filtres
- Sachets de thé
- Coquilles d’œufs broyées
- Fleurs coupées, plantes d’intérieur (ne pas mettre les végétaux malades)
50% de brun : Déchets secs qui apportent du carbone
- Feuilles mortes
- Fleurs fanées
- Sciure ou copeaux de bois
- Cartons marrons (non imprimés), rouleaux de papier toilette cartonnés
- Journaux (pas de papier lisse ou brillant)
- Essuie-tout, mouchoirs jetables (si possible non gras)
- Boîtes d’œufs découpées (peu importe la couleur tant qu’elles sont en carton, mais sans les étiquettes éventuelles)
- Paille, foin, branches sèches et tailles de haie bien broyées
Qu’est ce qu’il ne faut pas mettre dans le compost ?
Étapes 3 : Adopter les bons gestes
À respecter pour tous types de compostage, sauf le bokashi :
- UN BON ÉQUILIBRE : À chaque apport, vous devez avoir 50 % de matières azotées, 50 % de matières carbonées. Si vous déposez un seau d’épluchures, par exemple, complétez par l’équivalent en feuilles mortes ou en petits morceaux de boîtes d’oeufs.
- UNE HUMIDITÉ CONSTANTE : Un compost doit toujours être humide mais pas “noyé”. Normalement, l’eau est apportée par les biodéchets (composés à 80 % d’eau). En cas de très forte chaleur (canicule), vous pourrez arroser délicatement votre composteur. Pour le lombricomposteur, vous pouvez déposer une serpillière humide sur le dessus du bac.
- DE L’AIR ! Brassez à chaque apport, si possible, afin d’apporter de l’oxygène et ainsi accélérer le compostage. Le brassage permet d’éviter la formation de paquets et par conséquent de limiter les gaz à effet de serre qui s’en dégagent.
- LA BONNE TAILLE : Découpez les fruits, légumes et matières sèches en petits morceaux pour que les micro-organismes les dégradent plus facilement. Par exemple, une peau de banane est à découper en 2. Plus votre composteur est petit, plus fins doivent être les morceaux.
Retrouvez le dossier spécial Compost dans le Numéro 3 – Automne 2020 “Partager”.
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