Les conseils au potager d’Élise Ruiba :
Comme je vous l’expliquais dans cet article, il y a des tas de raisons pour lesquelles choisir de semer ses graines plutôt que d’acheter des plants en jardinerie ou en pépinière. Aujourd’hui, on parle de semis en pleine terre pour semer ses graines à nouveau mais cette fois-ci directement au potager.
Les bonnes conditions pour réussir ses semis en pleine terre
Malheureusement, je ne peux pas vous donner de date magique à partir de laquelle semer en place. Comme chacun·e le sait, la météo est changeante et en fonction des régions cela peut varier du tout au tout. Il faut donc faire en fonction de son environnement et ce n’est pas toujours évident. Mais réjouissez-vous, contrairement au semis à l’intérieur, le semis en pleine terre ne nécessite quasiment aucun matériel, youpi !
Une bonne terre
Au début du printemps, je passe en général un bon gros coup de grelinette sur toutes mes zones de culture pour que la terre soit bien ameublie. Si vous ne disposez pas de cet outil, vous pouvez utiliser une houe ou un croc. L’important est de venir apporter de l’air à la terre pour permettre aux futures racines de vos semis de ne pas en manquer et de bien se développer.
En passant un coup d’outil dans votre sol, vous allez en profiter pour désherber. Cela sert également à émietter la terre en surface afin d’avoir une terre la plus décompactée possible pour faire nos semis. Certaines personnes ajoutent même une fine couche de terreau à la surface pour les graines les plus petites comme les carottes par exemple.
Ce geste permet enfin de mieux faire pénétrer l’eau (de pluie ou d’arrosage) dans votre sol.
Si vous avez l’habitude de pailler votre sol ou d’avoir un couvert végétal à partir d’engrais verts, vous allez avoir moins de boulot que les autres, good job ! En effet, votre sol sera moins tassé et plus facile à travailler.
C’est aussi le bon moment pour apporter du compost bien mûr. J’en mets une couche d’environ 2 centimètres que je laisse en surface ou que j’incorpore très légèrement aux 5 premiers centimètres de mon sol, pas plus. Ce sera ensuite la nourriture de tous les petits vers de terre et ils s’occuperont à merveille de mélanger tout cela.
Une bonne température
Il est impératif pour se lancer dans l’aventure du semis en pleine terre que votre sol soit réchauffé. Il faut avoir une température d’au moins 10°C pour les salades ou les radis et de 15°C pour les haricots, par exemple. Si vous en avez un en votre possession, vous pouvez vous munir d’un thermomètre alimentaire pour contrôler cela.
Le soleil va se charger de réchauffer votre sol mais attention, c’est assez lent. Mon conseil est donc de venir dépailler dès la mi mars pour laisser la terre exposée au soleil le plus possible. C’est le seul moment de l’année où je laisse le sol de mes zones de cultures à nu.
En aérant le terrain comme vu précédemment, on va contribuer à faire entrer l’air plus chaud.
Si vous avez une terre argileuse, elle mettra évidemment plus de temps à se réchauffer qu’un sol sableux. D’où, comme d’habitude, l’intérêt de bien connaître son potager pour agir en fonction de ses conditions propres et pas de l’article qu’on a lu sur le blog de Veìr magazine !
Une bonne humidité
Si vous avez un sol argileux, vous savez qu’il faut parfois attendre des semaines afin d’enfin accéder à nos terrains tellement ils sont gorgés d’eau… Il est important pour semer en pleine terre de veiller à ce que le sol ait séché, qu’il ne colle pas. Mais il faut aussi éviter qu’il soit trop sec et qu’il ne retienne pas du tout l’eau qu’on lui offre. Encore une fois, un juste équilibre pas évident à trouver.
Pour assurer un bon départ à vos semis, privilégiez une semaine de beau temps afin d’éviter que votre sol ne soit détrempé, cela pourrait risquer en plus de faire pourrir vos graines. Cela m’est déjà arrivé avec des graines de haricots.
Voilà donc la liste de toutes les conditions afin de réussir vos semis en pleine terre. Un bon indice de la nature à repérer : les plantes sauvages et les adventices commencent à faire leur apparition un peu partout au jardin, signe que les graines peuvent éclore correctement.
Les différentes techniques de semis en pleine terre
Le semis direct est obligatoire pour les légumes racines comme les carottes, les panais ou les radis. Pour d’autres cultures comme le pois ou le haricots, il est beaucoup plus simple et pratique. Aussi, de nombreuses variétés comme l’amarante par exemple détestent être repiquées. Mais comment semer ces petites graines dans votre potager ? Pour cela, il existe 3 méthodes principales :
Le semis à la volée
Cette méthode est la plus ancienne. Elle consiste à semer les graines à la main sur la totalité de la zone de culture en les répartissant de manière la plus régulière possible.
Pour cela, mettez-vous debout, prenez dans le creux de votre main une petite poignée de graines et secouez le bras de gauche à droite très légèrement en entrouvrant les doigts. Ce geste me fait penser à de la pâtisserie et d’ailleurs on saupoudre littéralement la terre de petites semences.
Une fois les graines disposées à la surface, on vient les « enfouir » à l’aide d’un râteau pour bien mélanger les graines à la terre en appuyant seulement légèrement sur l’outil.
Franchement, c’est la méthode la plus difficile à réaliser selon moi. C’est avec l’expérience que le geste prend de l’assurance et qu’on devient un·e vrai·e pro ! Mais il est vrai que cette méthode s’avère assez efficace quand on cultive sur buttes et qu’on veut consacrer une butte à une culture spécifique, ou pour le semis d’engrais verts également.
Le semis en ligne
Il s’agit ici de tracer (au cordeau ou à l’œil, c’est vous qui décidez) des lignes de la longueur souhaitée pour y implanter nos graines. On peut faire notre ligne avec une houe, une serfouette, une petite cuillère… On ne se prend pas la tête ! Pour la profondeur et l’espacement par contre, cela dépend évidemment de la taille de la graine et du futur plant donc pas de généralité à vous donner. Je vous reparle notamment de la profondeur du semis dans la suite de l’article.
Une fois que le sillon est creusé, on y dépose nos semences et on vient le refermer à l’aide d’un râteau par exemple. On tapote très légèrement la surface du sol afin de faire « coller » les graines à la terre et hop, le tour est joué !
C’est la méthode que je réalise le plus souvent et la moins compliquée aussi. On peut l’utiliser notamment pour le semis direct de petits pois. Elle nécessite toutefois de disposer d’un minimum de place dans votre potager.
Le semis en poquet
Pour le semis en poquet, on creuse des petits trous plus ou moins espacés (en fonction de la taille de la graine et du futur plant encore une fois) et on vient placer 3 à 5 graines à l’intérieur de chacun. On referme le trou à l’aide d’un râteau ou en recouvrant d’une poignée de terre et c’est tout.
Certain·e·s réalisent leurs trous en quinconce pour espacer les plants, d’autres en lignes, libre à vous d’adopter votre propre style. Bien évidemment, cela dépendra de la taille de votre zone de culture et de la variété que vous souhaitez implanter.
Cette méthode vous permet d’assurer le coup et d’avoir au moins une graine qui germe par poquet. Je la trouve pas mal pour les débutant·e·s et/ou pour les graines dont on n’est pas certain·e de la bonne germination.
Peu importe la méthode de semis que vous adoptez, n’oubliez pas une seule chose : arroser abondamment juste après l’opération ! Attention, abondamment mais aussi délicatement pour ne pas déplacer les graines que vous venez de prendre le temps de semer. Pour cela, j’utilise une pomme sur mon arrosoir mais cela doit aussi très bien fonctionner avec des lances réglables sur les jets d’eau.
Les erreurs à éviter pour vos semis en pleine terre
Si c’est la première fois que vous réalisez un semis direct, vous allez forcément vous planter ! Pas forcément sur toute la ligne, mais il y aura un petit truc qui clochera… Et ce n’est pas grave du tout car c’est grâce aux erreurs qu’on apprend. Mais voici quelques unes de celles que j’ai déjà pu réaliser en avant-première pour vous :
La profondeur du semis en pleine terre
J’ai souvent tendance à recouvrir mes graines d’une trop fine terre de terre(au). Parfois, cela ne suffit pas et le plant commence sa croissance dans une poche d’air, avec les racines à moitié en-dehors de terre. C’est encore plus dramatique lorsqu’il s’agit de légumes racines qui fileront pour ne faire que de la feuille, ça m’est arrivé un paquet de fois avec les radis.
A contrario, il est aussi important de ne pas semer trop profondément, surtout au printemps pour éviter le pourrissement des graines.
Un truc qui marche à tous les coups ? Semer la graine dans un trou ou un sillon de 2 fois sa taille !
La densité du semis en pleine terre
Souvent, dans l’euphorie du retour au potager, je sème d’un seul coup et en trop grande quantité. Ensuite, je me retrouve avec des kilos de salades prêtes en même temps et je dois faire des distributions dans tout le quartier… Pour éviter cela, une seule solution : échelonner les semis. Semer de petites quantités (environ 10 à 12 graines) tous les 15 jours par exemple. Cela permet d’étaler le travail de semis mais aussi les récoltes par la suite.
En semant trop dense, on se tape aussi la corvée élue la plus pénible du potager selon moi : éclaircir. Déjà, il faut sacrifier des petites pousses au détriment d’autres, c’est cruel. Ensuite, ça prend un temps fou, une minutie pas possible et ça fait mal au dos… Bref, c’est franchement pas la rigolade.
Avec ces quelques indications, vous devriez pouvoir semer plus sereinement directement en place au potager. J’espère vraiment que cet article vous aura donné envie de passer à l’action et de semer à la folie ! N’hésitez pas si vous avez des questions à me les poser en commentaires, j’y répondrai avec joie.
Cet article est rédigé par Elise Ruiba. Après plusieurs années à travailler dans la vie culturelle nantaise, Élise a choisi l’autre culture : celle de la terre. Elle a fait plusieurs woofings qui l’ont convaincue de la nécessité des métiers en lien avec l’agriculture. Elle a ensuite eu le plaisir de faire partie de l’équipe de La Box à Planter et y concevait des box pour mettre des graines entre les mains des débutant.e.s en leur apportant tous ses meilleurs conseils. Aujourd’hui, elle continue d’apprendre à travers des stages, des formations et du bénévolat. Pour suivre les aventures vertes d’Elise, retrouvez-la sur Instagram : @sicauplants
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