Les plantes carnivores sont pleines de mystères… Sur 390 000 espèces de plantes à fleurs, seules 800 sont recensées comme carnivores, soit à peine 0,2 %. Pourtant, elles occupent une grande place dans notre imaginaire collectif : avec leurs surprenantes stratégies de “chasse”, elles semblent à mi-chemin entre l’animal et le végétal, et fascinent autant qu’elles inquiètent. Si la plupart se nourrissent d’insectes, certaines sont capables de digérer des proies de la taille d’un rat ! Approchons-nous discrètement pour les observer sans se faire attraper…
Pourquoi des plantes carnivores ?
L’apparition des plantes dites “carnivores” (ou “insectivores”) est le fruit d’un long phénomène d’évolution qui a permis à certaines plantes de s’adapter à des milieux très pauvres : tourbières acides, sols lessivés… Selon l’hypothèse la plus répandue, ces plantes en sont venues à capturer des insectes car elles ne trouvaient pas dans le sol de leur habitat de quoi se nourrir. Elles se sont ainsi tellement adaptées à ces milieux qu’un substrat trop riche en nutriments (ou un apport artificiel d’engrais) pourrait leur être fatal !
Il existe d’autres plantes qui piègent les insectes, sans pour autant être carnivores : vous retrouvez parfois des petites bêtes collées sur des sauges, certaines cardères, voire un pied de tomates… C’est donc bien leur capacité à les digérer, plus qu’à seulement les piéger, qui caractérise les plantes carnivores.
Comment tendent-elles leurs pièges ?
En réalité, la plupart des végétaux mettent en place des stratégies pour attirer insectes et animaux dans leurs filets : couleurs chatoyantes, formes en trompe-l’œil, parfums enivrants… Tout est fait pour séduire les petites bêtes qui assureront ainsi la pollinisation. Les plantes carnivores, elles, n’attirent pas (ou pas seulement) les insectes en vue de leur reproduction, mais aussi pour s’alimenter ! Il est intéressant de noter que seules les feuilles forment des pièges et jamais les fleurs (ces dernières étant souvent placées loin des pièges) : il serait dommage de croquer un insecte pollinisateur au passage !
Il existe différents types de pièges, actifs ou passifs :
- Pièges à mâchoire : Impressionnants visuellement, ces pièges sont constitués d’une mâchoire qui se referme rapidement sur la proie.
Dionaea et Aldrovanda
- Pièges à glu : Ces pièges sont formés de poils gluants : l’insecte est ainsi attiré et “collé” à la plante. Et qu’il ne tente pas de s’enfuir : plus il bouge, plus il s’englue !
Drosera notamment
- Pièges à urnes : En forme de vases, de cornets ou de tubes, ces pièges ne bougent pas mais n’en sont pas moins redoutables. Les insectes y sont attirés puis glissent au fond, comme dans un toboggan !
Darlingtonia, Nepenthes, Sarracenia…
- Pièges en nasses : Typiques des Genlisea, ces pièges sont des tubes en forme de spirale, dans lesquels les proies pénètrent et sont retenues par une pilosité à rebrousse-poil.
Genlisea
- Pièges à aspiration : Sortes de jarres munies d’un clapet, qui s’ouvrent puis aspirent ses proies très rapidement.
Utricularia
Comment les cultiver ?
Contrairement aux idées reçues, il n’est pas si difficile de cultiver des plantes carnivores, à condition de se limiter aux espèces les plus accessibles et de bien se renseigner sur leurs besoins. Plantes de marécage, elles auront besoin d’un environnement le plus proche possible de leur milieu naturel, en termes de luminosité, d’arrosage et de type de substrat.
5 choses à savoir sur leur entretien :
- Elles ont un énorme besoin de lumière et aiment le soleil direct. Elles supportent très mal la concurrence d’autres espèces dans leur milieu naturel. Elles sont donc habituées à recevoir la lumière plein pot !
- Elles ont besoin d’eau non calcaire (eau de pluie ou déminéralisée). L’arrosage suit une technique précise : la plupart aiment avoir les pieds dans l’eau + un arrosage par le dessus en période de croissance uniquement.
- Leur substrat doit être majoritairement composé de tourbe blonde (50 à 70 %). (voir point ci-dessous/ci-contre)
- Il leur faut des gros volumes de substrat (en comparaison avec leur taille), ce qui n’est pas toujours très esthétique mais indispensable à leur bien-être.
- Il n’est pas nécessaire de leur fournir des insectes ! Les plantes carnivores se débrouillent toutes seules.
Où se procurer des plantes carnivores ?
✔️ Si l’un de vos proches en possède : bouturez-les ! Elles ne sont pas plus difficiles à multiplier que des plantes classiques. Vous pouvez par exemple bouturer les feuilles du Drosera ou des Genlisea ou pratiquer la division des Sarracenia ou des Utricularia, comme pour une plante classique.
✔️ Si vous devez en acheter, adressez-vous à une pépinière plutôt qu’à une jardinerie conventionnelle. La traçabilité des plantes sera meilleure et le personnel pourra vous donner des conseils d’entretien adaptés, afin de prolonger la longévité de vos petites protégées.
✔️ Méfiez-vous de la tentation d’offrir une plante carnivore à un enfant. Les “gobe-mouches” font souvent l’objet de cadeaux rigolos mais elles requièrent des soins soutenus et la plante risquerait de finir rapidement à la poubelle.
Où admirer des plantes carnivores ?
Si vous souhaitez observer ces plantes fascinantes, sans pour autant en adopter, rendez-vous :
- ✔️ dans les jardins botaniques des grandes villes ;
- ✔️ dans certains parcs ouverts au public : Micropolis 12, Futuroscope, Jardin botanique de l’Aubrac, Parc botanique de Haute-Bretagne, Bambouseraie de Prafrance… ;
- ✔️ ou dans des tourbières aménagées ouvertes à la visite : Auvergne, Dordogne, Alpes, Pyrénées, Vosges…
️ Les plantes carnivores existent à l’état naturel en France, mais toutes sont protégées !
Retrouvez d’autres articles dans le Numéro 12 — Hiver 2022 “Nourrir”.
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