
Comment repiquer ses semis en pleine terre ?
Le semis à l’abri est vraiment ma passion numéro un dans la vie… Mais une fois que tous nos semis sont en bonne santé et bien développés, il faut savoir les lâcher dans le grand bain. C’est maintenant ou jamais, c’est parti pour repiquer ses semis en pleine terre : direction le potager !
Préparer le terrain…
Un bon sol = un bon plant
Le semis que vous avez choyé en godet doit trouver tous les nutriments nécessaires dans sa nouvelle terre d’accueil, il en va de sa survie. Pour cela, rien de tel qu’un sol nourri en profondeur avec des amendements réguliers en matières organiques variées : compost, fumier, déchets de cultures, tontes… Plus votre sol sera riche, plus vos cultures vous donneront satisfaction.
Évidemment, ces apports là ne se font pas en quelques jours, ni en quelques mois, mais il faudra bien plusieurs années avant d’avoir un sol vivant et suffisamment riche. Pour palier à certaines carences, il existe en jardinerie de bons engrais naturels et utilisables en agriculture biologique. Je vous donnerai aussi à la fin de cet article la recette de purins à utiliser au potager.
Le bon moment pour repiquer
C’est au mois de mai que je vous conseille d’opérer. On entend souvent parler des fameux « saints de glace » qui correspond à la période entre le 11 et le 13 mai. Après ces dates, le risque de gelées sembleraient écarté et on aurait le feu vert de dame nature pour planter à foison en extérieur. J’utilise le conditionnel car tout dépend véritablement de votre région et des conditions météorologiques.

On est d’accord, on n’est pas en mesure de maîtriser pas la météo… Mais grâce à la technologie, on peut maintenir regarder la météo agricole en amont et s’y fier. Prévoyez donc de repiquer à un moment où les 2 ou 3 jours à venir vont être ensoleillés mais pas trop chauds, si possible. Quelques averses seront utiles, mais pas des pluie diluviennes… Bref, comme souvent en jardinage, il faut un juste milieu.
Vous prendrez le soin, en amont du repiquage, de dépailler votre zone de culture afin que le sol se réchauffe. En règle générale, on considère qu’on peut repiquer quand le sol atteint les 15° C.
Cette année, j’ai commencé mes repiquages en extérieur à la mi-avril :
- parce que j’avais réalisé énormément de plants et que je pouvais me permettre d’en perdre quelques uns.
- parce que la météo s’y prêtait particulièrement : intervalles entre soleil et fines averses pendant plusieurs jours d’affilé.
J’ai fait un pari… et je l’ai gagné ! Pas de gel, pas de perte, que des plants costauds et en bonne santé.
Au moment du repiquage…
Un nid douillet
Comme expliqué dans le paragraphe précédent, si vous préparez bien votre sol en amont, tout devrait rouler ensuite. Pour repiquer un plant au potager, creusez un trou de la profondeur de votre motte et à l’aide d’une griffe, cassez le pourtour de ce trou pour que les racines de votre protégé puissent se frayer un chemin rapidement et facilement.
Comme souvent, il y a des exceptions pour la profondeur du trou à creuser : les tomates, par exemple, sont à repiquer bien profondément. Vous pouvez pour cela couper les cotylédons (les petites pousses qui apparaissent les premières, avant les vraies feuilles) et mêmes les tiges les plus basses du plant. En faisant cela, on va aider la tige principale à faire des racines supplémentaires et donc à mieux s’implanter dans le sol.

Autre exception : les salades. Celles-ci n’aimeront pas l’humidité et risqueraient de pourrir si vous les enfoncez trop dans le sol. Pour les dorloter, veillez à ne pas enterrer le collet de la salade et tout ira bien. On prévoit donc un trou un tout petit peu moins profond que la motte à repiquer.
Donc, une fois le trou creusé, on place notre plant à l’intérieur de celui-ci, on rabat légèrement la terre à la surface du pied en tassant du plat de la main, et le tour est joué !
La bonne irrigation
Le geste à ne pas louper une fois le plant repiqué : arroser ! On le fait très copieusement au moment de l’implantation des plants en pleine terre. Pourquoi ? Ce changement d’environnement va venir stresser le végétal et il va avoir besoin de suffisamment d’eau pour ne pas subir un stress hydrique supplémentaire.
Aussi, les racines de la motte vont comprendre qu’elles ne sont plus contenues dans un petit pot mais bel et bien en pleine terre, elles vont ainsi pouvoir venir puiser l’eau que vous lui donnez pour se consolider et se développer.
Un petit coup de pouce
Certaines cultures apprécieront d’être tuteurées dès le repiquage en pleine terre. C’est le cas, par exemple, des tomates. Je place un très grand et gros bambou directement au moment du repiquage en pleine terre, sans passer par de petits bâtons intermédiaires. Cela donne un bel axe à la tige principale et on évite de trop bouger les tiges et ainsi de les briser. Certaines personnes utilisent des fils pour conduire leurs cultures, principalement dans les serres. On passe le fil tout autour de la tige principale de la tomate et il la porte étroitement en étant collé à elle.

On peut aussi imaginer des structures plus importantes comme des tipis pour les haricots à rames ou les fleurs grimpantes.
Pour les matériaux, je récupère énormément de choses à la déchèterie. Vous pourrez aussi trouver votre bonheur dans des vides greniers ou en ressourceries. Bien entendu, si vous n’avez pas le temps ni la motivation, les jardineries regorgent de solutions qui feront très bien l’affaire.
Et ensuite…
Arroser intelligemment
Comme au moment du repiquage en pleine terre, l’arrosage reste une des clés de réussite d’un potager productif et en bonne santé. J’arrose toujours copieusement, de manière régulière mais espacée. Souvent, une seule fois par semaine.
J’utilise toujours de l’eau de pluie car, on le sait plus que jamais, l’eau va se faire rare, très rare… Il y a donc 2 grosses tonnes à eau dans le jardin. C’est moche, mais vraiment très pratique. Et ensuite, oui, je fais tout à la mano avec 2 arrosoirs de 10 litres, ça muscle !
Il y a également toutes sortes de tuyaux d’arrosage à votre disposition, si cela vous paraît plus adapté à votre potager.
Vous avez sans doute déjà entendu parler des « oyas ». Ces poteries artisanales qui permettent d’irriguer en profondeur le sol, même en notre absence. Pour ma part, j’en ai une dans la serre depuis 2 ans. Je n’ai toujours pas bien compris si elle était efficace ou non. Je me garderai de vous faire un bilan de son utilité. En tout cas, elle est jolie et elle est régulièrement vide. Ce qui semble montrer que l’eau finit quelque part dans mon sol !
Entretenir les cultures
Une fois en pleine terre, c’est assez rapidement la jungle… Je vous conseille de toujours garder un œil sur vos cultures. Pour les tailler régulièrement et éviter de vous faire envahir comme cela m’arrive absolument chaque année, même en étant organisée.
Malheureusement, le repiquage au potager n’est pas non plus un long fleuve tranquille… Et qui dit pleine terre, dit chasse à la limace ! Tous ces jeunes plants, qu’est-ce que c’est appétissant pour elles ! Les escargots s’y mettent aussi puisqu’ils y trouvent le gîte et le couvert. Si on les laisse tranquilles, on risque clairement de compromettre une partie de nos récoltes. Il faut donc agir rapidement et les empêcher de tout ravager.
Évidemment, il existe des prédateurs naturels comme les grenouilles, les crapauds et les hérissons… Mais souvent, ceux-ci n’agissent pas assez rapidement. Pour les aider, je pars à la chasse tous les soirs à l’aide de ma lampe frontale. Je récolte dans un seau tous les gastéropodes que je trouve. Je les offre ensuite à mes poules qui s’en régalent.
Bon à savoir : en agriculture biologique, il est également autorisé d’utiliser le fameux « Ferramol », du phosphate ferrique sous forme de granulés bleus.
Donner des forces
Je vous l’ai indiqué au tout début de cet article, si votre sol est en santé, vos cultures le seront également. Pour nourrir le potager, j’ai pris l’habitude de réaliser moi-même des petites potions magiques à partir de végétaux. On appelle cela des purins et c’est 100% naturel et utilisable en agriculture biologique.
Je confectionne un purin d’ortie que j’utilise au moment du repiquage de mes plants en pleine terre. Cela les aider à vaincre le stress du changement d’environnement et leur apporter une bonne dose d’azote. Par la suite, je leur donne également un purin de consoude pour favoriser la floraison et la production de fruits.
La recette d’Élise :
Ça fonctionne du tonnerre et c’est super facile : 1 kg de feuilles fraiches hachée pour 10 litres d’eau. On laisse macérer environ une semaine dans un contenant fermé, en touillant tous les jours. Quand les bulles disparaissent de la surface du liquide et que ça commence à sentir vraiment fort, c’est le signe que c’est prêt ! On filtre, on conserve dans un récipient fermé. Comme un bidon on utilise dilué dans l’eau d’arrosage à hauteur de 10 % maximum.
Si vous n’avez pas l’envie, la matière ou la motivation de le faire vous-même, vous trouverez ces produits dans les bonnes jardineries ou sur des sites spécialisés en ligne.
Vous pourrez aussi nourrir vos cultures à partir d’engrais naturels comme des granulés de fumier de cheval. On en trouve en gros sacs dans les jardineries et les pépinières. On en dépose une petite poignée aux pieds des cultures au moment du repiquage et ça les booste pour la saison !
Avec toutes ces infos, normalement vous voilà paré·e pour affronter le challenge du repiquage en pleine terre ! J’espère que cet article vous aura appris des choses et vous semblera clair.
Cet article est rédigé par Elise Ruiba. Après plusieurs années à travailler dans la vie culturelle nantaise, Élise a choisi l’autre culture : celle de la terre. Elle a fait plusieurs woofings qui l’ont convaincue de la nécessité des métiers en lien avec l’agriculture. Elle a ensuite eu le plaisir de faire partie de l’équipe de La Box à Planter. Élise y concevait des box pour mettre des graines entre les mains des débutant.e.s en leur apportant tous ses meilleurs conseils. Aujourd’hui, elle continue d’apprendre à travers des stages, des formations et du bénévolat. Pour suivre les aventures vertes d’Elise, retrouvez-la sur Instagram : @sicauplants
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