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Entretien : Le gardien des plantes

Entretien : Le gardien des plantes

Rencontre avec Nicolas Talliu, fondateur de la Société protectrice des végétaux (SPV), à Lyon

“Le gardien des plantes” : c’est sous ce pseudonyme que nous avons d’abord connu Nicolas via Internet, bien avant qu’il ne monte le projet de la SPV, qui a rencontré un fort retentissement médiatique il y a quelques mois. Il était déjà passionné par les plantes et animé par la même mission qu’aujourd’hui : les sauver du gaspillage et de la surconsommation. Déjà, dans un coin de sa tête, un projet se dessinait : ouvrir un jour un lieu unique où il pourrait récupérer des plantes destinées à la poubelle, pour les soigner et leur donner une seconde vie. 

C’est chose faite depuis mars 2021, avec l’ouverture de la Société protectrice des végétaux, dans le 7e arrondissement de Lyon. Depuis, sa pépinière urbaine connaît un immense succès qui n’enlève rien à la sincérité de sa démarche. 

Rencontre avec un passionné, engagé à 400 %, qui ne mâche pas ses mots !

© Sophie Tran

Du “gardien des plantes” au fondateur de la Société protectrice des végétaux, quel a été votre parcours ?

À l’origine, j’ai un diplôme d’architecte du paysage. J’ai travaillé en tant que jardinier, paysagiste, mais aussi conducteur de travaux, puis j’ai fait de l’entretien et de la vente. 

En 2020, j’ai eu l’idée de lancer mon activité de “gardien des plantes”. Dans le but de responsabiliser les consommateurs concernant leurs achats de plantes et les aider à comprendre comment fonctionnent les végétaux. Cela consistait en la création d’un pensionnat et centre de soins, afin de m’occuper des plantes qui étaient soit abîmées, soit délaissées par leurs propriétaires pendant les vacances. Ainsi qu’en l’organisation d’ateliers pour aider à mieux comprendre le fonctionnement des plantes. 

En parallèle, je travaillais à mi-temps chez un pépiniériste. J’ai demandé à mon patron si je pouvais récupérer les plantes qui allaient être jetées. Je m’étais initialement donné deux ans pour trouver un local adapté pour entreposer ces plantes. Mais mon planning s’est considérablement accéléré lorsqu’on m’a proposé un lieu en mars 2021. C’est ainsi que j’ai lancé la SPV, une pépinière de récupération de plantes

Dès le départ, le projet de la SPV a rencontré un très fort engouement, m’obligeant à réorganiser un peu mes différentes casquettes ! Mon activité de “gardien des plantes” continue et va continuer, elle est intrinsèquement liée à ma personne, très incarnée. La SPV, elle, a vocation à être portée par d’autres personnes que moi et à essaimer dans d’autres lieux !

D’où est venue l’idée de la SPV ?

Lorsque je travaillais dans la vente, les clients me demandaient des conseils pour entretenir leurs plantes. Les recommandations que j’avais à leur donner allaient plutôt à l’inverse de ce qu’on demande à un vendeur… J’étais aussi un peu agacé de voir que les gens achetaient des plantes d’intérieur par “écologie” alors que c’est souvent tout sauf écologique

Le problème de la production de plantes est complexe. Même si on décide de ne vendre que des boutures, ce qui est en soi une bonne idée pour ne pas acheter de nouvelles plantes. Bouturer demande beaucoup plus de temps et d’argent que d’acheter un nouveau spécimen ! Il est tentant de se procurer un plant à dix centimes aux Pays-Bas plutôt que de passer des semaines à créer et développer son propre plant… Même problème chez les pépiniéristes : peu de plantes sont réellement produites à 100 % localement. La plupart du temps, on achète des petits plants et on les développe. Tout cela m’a amené à penser qu’il fallait un projet nouveau, qui ne soit porté que sur les soins, et non sur la production. Avec la SPV, je défends des principes de circuit court, local, et d’économie circulaire.

La SPV a donc pour objectif de limiter l’importation et la surproduction de nouveaux plants, mais aussi de lutter contre le gaspillage ?

Tout à fait. 

Ironiquement, les plantes que l’on vend le plus (misère, monstera, chlorophytum) sont celles qui sont les plus faciles à bouturer !

Pourquoi continuer à en acheter, alors qu’il y en a plein dans nos intérieurs. Il suffit de se les échanger pour réduire considérablement notre empreinte carbone ?

En parallèle, il y a en effet la question du gaspillage, notamment chez les professionnels. Aujourd’hui, de nombreuses plantes partent à la poubelle (au mieux au compost, mais souvent, au tout-venant). Cela représente même un coût pour les professionnels, qui doivent organiser la collecte de leurs déchets. Lorsque je viens les récupérer, c’est donc gagnant pour tout le monde ! Parfois, certaines ne peuvent pas être totalement sauvées. On peut tout de même les bouturer avant de les jeter, c’est mieux que rien.

© Sophie Tran

Ce sont des plantes “d’occasion”, donc ?

Oui, des plantes qui ont une histoire ! Avec ce système, vous allez peut-être recroiser votre plante au comptoir de la banque, dans une boutique ou chez un ami ! 

Aujourd’hui, la consommation locale, le zéro déchet et la seconde main ont le vent en poupe : on y pense pour les vêtements, pour les livres… mais encore très peu pour ce qui relève du vivant. Le nom “SPV” est bien sûr un clin d’œil à la SPA, car ce sont les seuls à proposer du “vivant” qui a une histoire. 

D’ailleurs, on devrait lancer une campagne de sensibilisation à l’abandon des plantes en vacances, comme la SPA le fait avec les animaux !

La première question à se poser lorsqu’on adopte une plante est : “comment pourrai-je m’en occuper lorsque je partirai en vacances” ?

C’est pour cela que je propose aussi des services de gardiennage.

Quels types de plantes récupérez-vous à la SPV ? 

Je récupère tout : plantes d’intérieur ou d’extérieur (même si je n’ai pas beaucoup de plantes potagères). Parfois, il m’arrive de récupérer une plante et de ne pas savoir ce que c’est ! 

J’ai trois sources principales d’approvisionnement. Tout d’abord, les particuliers : ils m’apportent les plantes qui sont abîmées, dont ils doivent se débarrasser (pour cause de déménagement par exemple) ou des boutures. Ensuite, les revendeurs (fleuristes, grossistes) : il s’agit là de plantes qui sont souvent en très bon état, mais qu’ils ne peuvent plus vendre parce qu’elles sont défleuries ou parce qu’ils ont trop de stock. Je travaille aussi beaucoup avec les pépiniéristes : ils ont l’avantage de proposer des plantes déjà acclimatées. Je récupère des plantes abîmées, mais qui sont capables de s’adapter facilement au climat et à la région, contrairement à celles qu’on trouve dans les jardineries traditionnelles ! Enfin, je me rapproche aussi des services communaux, qui enlèvent des plantes trois à quatre fois par an dans les espaces publics (jardins, ronds-points, etc). 

En revanche, je refuse de travailler avec les grandes enseignes type supermarchés… Ils ne respectent pas les plantes : il y a même un célèbre magasin de meubles qui se permet de vendre des plantes en sous-sol, sans lumière et sans eau ! J’aimerais monter une ligue pour dénoncer les revendeurs de plantes qui n’ont pas un aménagement adapté, comme c’est le cas pour les animaux.

© Sophie Tran

Et ensuite, qu’en faites-vous ?

Je récupère les plantes en masse pour faire de la place aux producteurs et revendeurs ; il y a donc d’abord une phase de tri. Je revends tout de suite ce qui est en bon état. Quant aux autres, je m’occupe de les remettre sur pied : je les taille, je traite les parasites, je les rempote… Les clients peuvent aussi choisir d’acheter la plante en l’état : dans ce cas, je leur explique les soins qu’ils devront lui apporter pour qu’elle se rétablisse. Pour celles qui sont vraiment très abîmées, j’ai un petit “hôpital” : c’est le coin du dernier espoir ! Ce qui n’est absolument pas récupérable part au compost et je récupère la terre qui est bien amendée.

Que peuvent faire les particuliers pour éviter ces dérives ?

Pour les plantes d’extérieur, allez en priorité chez votre pépiniériste et demandez-lui des plantes locales, adaptées à votre région. Pour les plantes d’intérieur, le mieux est d’utiliser les plateformes de revente ou de troc. Comme Le Bon Coin ou Troque ta plante… ou de s’échanger des boutures entre amis !

De plus, il est important de se renseigner, comprendre, partager, pour s’informer et sensibiliser son entourage. Et, bien sûr, soigner ses plantes plutôt que de les renouveler sans cesse !

Comment fonctionne votre modèle économique ?

Je ne paye pas les plantes que je récupère chez les particuliers, car je fais le déplacement pour les débarrasser. Quant à celles que je récupère chez les professionnels, je les achète moins cher, puisque ce sont des invendus. Du coup, je suis en mesure de vendre des plantes à des prix 50 % plus bas que ceux du marché !

Je me suis également beaucoup appuyé sur le public pour faire connaître mon projet et avoir du soutien. Aujourd’hui, je ne suis malheureusement pas reconnu comme acteur de l’ESS (économie sociale et solidaire). La vente de plantes ne fait pas partie de l’économie circulaire.

Quels sont vos projets pour la SPV ?

J’ai besoin de trouver un nouveau terrain rapidement. Celui-ci devient trop petit et il ne m’est octroyé de toute façon que pour deux ans ! 

Je souhaite accompagner les villes et les acteurs qui veulent développer ce type de projet dans d’autres villes. L’idée commence déjà à faire des émules. À Nantes, il y a une brocante verte qui s’est créée en même temps que la SPV, et à Paris, des projets commencent à se monter. L’idée est de faire bénéficier ces structures de mon expertise pour continuer à œuvrer dans le bon sens !

POUR TROUVER DES PLANTES D’OCCASION

Application Le Bon Coin

Groupes Facebook locaux “Troque ta plante”

www.troc-aux-plantes.com

ACTUS 

Ateliers tous les samedis matin autour des boutures, de l’upcycling, de l’agriculture urbaine, etc.
Voir le programme sur le site : societeprotectricedesvegetaux.com

Article issu du Numéro 8 – Hiver 2021 – “Créer”