Les conseils au potager d’Élise Ruiba
On a changé d’heure, les jours rallongent et le temps passé les mains dans la terre augmente : la saison au potager a bel et bien commencé depuis quelques semaines. Les fleurs explosent un peu partout et c’est le moment de semer ou de planter ce qui donnera les fruits des récoltes prochaines !
Repiquer ses plants au potager
Normalement, si vous êtes bien organisé·e, vous avez réalisé vos semis le mois dernier. Si ce n’est pas le cas, pas de panique ni de culpabilité et rendez-vous en jardinerie ou en pépinière, de très bons plants feront votre affaire !
Quand repiquer ses plants ?
Si vos petits semis attendent sagement à l’abri, il va être temps de les implanter en pleine terre, petit à petit. Vous avez certainement entendu parler des fameux « Saints de glace » qui ont lieu mi-mai et qui vous donnent le feu vert pour repiquer tous vos protégés au potager.
Cette date est bonne à prendre en compte principalement pour les légumes du soleil comme les tomates, les poivrons ou les aubergines. Pour le reste, on peut déjà se lancer au mois d’avril. D’autant plus si, comme moi, vous possédez une serre ! J’ai déjà repiqué quelques plants de tomates à l’intérieur et ils se portent à merveille.
Que repiquer ?
C’est le bon moment pour repiquer des tas de variétés au potager !
Les légumes feuilles : les laitues, les épinards, les salades asiatiques comme la mizuna ou encore la moutarde. C’est aussi le bon moment pour repiquer vos blettes si vous les avez préparées en godets ou en mottes au préalable.
Vous pouvez aussi installer les pois si vous les avez semés en godets pour prendre un peu d’avance. Pour ma part, j’ai fait des mangetouts, des pois nains rondo et douce Provence.
C’est aussi le feu vert pour les aromates qui ne craignent pas trop le froid comme la coriandre, l’aneth et le persil que je viens de repiquer dans mon potager.
Enfin, c’est le moment d’implanter tous vos semis de fleurs qui attendaient bien sagement au chaud. Pour ma part, la liste est longue cette année : bleuets, œillets d’Inde, ipomées de plusieurs variétés, cosmos, tournesols de plusieurs variétés, capucines et j’ai tenté la culture de célosies (qui sont un peu frileuses donc attendront encore quelques semaines au chaud).
Comment repiquer ?
Honnêtement, je ne vais pas vous sortir des paragraphes de six pieds de long car c’est simple. Il suffit juste d’avoir un peu d’assurance (ou de faire semblant d’en avoir !) et d’y aller franco.
L’important est de bien avoir défini en avance où on veut mettre toute notre petite colonie dans le potager. Pour cela, on peut faire des plans de notre jardin ou des listes. Il y a des gens qui font tout à l’arrache et ça fonctionne aussi.
Une fois qu’on sait qui va où, y’a plus qu’à passer à l’action ! On ameublit légèrement la terre à l’aide d’une houe ou de ce qu’on a sous la main et on creuse un trou de la taille de la motte de notre plant. Ensuite, on dépote la motte de son godet après l’avoir préalablement trempée dans l’eau pour que ce soit plus facile à « démouler » et pour bien hydrater les racines qui vont subir un stress au moment du repiquage. On met en place, on tasse légèrement la terre à la surface, on arrose généreusement et fin de l’histoire !
Semer ses graines en place
En ce moment, le sol commence doucement mais sûrement à se réchauffer. On peut mettre une partie de nos protégées dehors mais on peut aussi commencer à penser semer directement en pleine terre.
Attention, cela ne concerne pas toutes les variétés. Il est important de respecter certaines règles et de suivre des techniques particulières. Dans un autre article ce mois-ci, je vous expliquerai de manière complète comment s’y prendre pour réaliser ce semis en extérieur.
Mon péché mignon en ce mois d’avril ? Un mélange de jeunes pousses avec des petites salades asiatiques bien amères. Je fais une zone spécifique avec uniquement des légumes-feuilles à récolter prématurément et c’est un vrai régal !
Fan de semis ? Ne vous affolez pas, on peut encore semer tout un tas de graines à l’abri en ce mois d’avril. C’est le cas des haricots, des courges ou encore de tas d’aromates et de fleurs… Rendez-vous à la fin de l’article pour le calendrier des semis !
Nourrir la terre de son potager
L’automne et l’hiver sont de bonnes saisons pour amender son potager avec des apports comme du fumier ou du paillis, qui se décomposeront sur le temps long. Au printemps, il est toujours temps de donner à manger à son sol, mais plutôt avec des matières rapidement assimilables.
Le compost
Si vous avez un jardin, vous avez sans doute un coin compost. Si ce n’est pas le cas, on peut trouver cet or noir un peu partout en jardinerie et en pépinière maintenant. Je le prends en vrac dans la pépinière à côté de chez moi quand le mien n’est pas assez rapidement digéré.
On peut aussi utiliser du lombricompost si vous en avez un ou en trouvez en magasin.
Au moment du repiquage en pleine terre, n’hésitez pas à apporter une poignée de compost en surface de vos cultures. Je les fais notamment pour les plants de tomates au mois de mai mais aussi en amont du repiquage de tous les autres plants au moment où j’ameublis mon sol. Cela donne à manger aux vers de terre présents dans le sol et donne un petit coup de boost aux cultures au début de leur croissance.
Le purin d’ortie
Les purins sont des engrais 100 % naturels à utiliser au potager. En avril, c’est notamment le bon moment pour lancer un purin d’ortie, un engrais riche en azote. Les orties sont excellentes pour la vie de notre sol, aident la croissance des végétaux et les rendent plus costauds.
Pour réaliser cette potion magique qui renforcera notamment comme rien d’autre vos plants de tomates, voici les ingrédients nécessaires : 1 kg de jeunes orties hachées pour 10 litres d’eau.
Je réalise le purin dans une grosse poubelle noire que je laisse dans l’abri de jardin. Vous comprendrez rapidement pourquoi après quelques jours de macération des orties dans l’eau… Le but est de les faire fermenter. Je remue chaque jour le mélange à l’aide d’un bâton en bois pendant la première semaine puis de temps en temps pour aérer lors de la seconde. Pour l’utiliser au jardin, il faudra attendre 15 jours que le liquide ne fasse plus de petites bulles à la surface. Vous le filtrez à l’aide d’un tissu ou d’une passoire et le mettez dans des bidons ou des contenants bien hermétiques. Le liquide se conserve ainsi pendant plusieurs semaines, le temps de la saison au potager !
On l’utilise ensuite dilué dans l’eau d’arrosage, à peu près à 5 %.
C’est aussi le bon moment pour complémenter vos sols en azote afin de renforcer les plants et accélérer la croissance des légumes feuilles notamment. Pour cela, rien de plus simple : il suffit de pisser ! Qu’est-ce qu’elle dit la dame ? En effet, l’urine est un des meilleurs moyens d’apporter efficacement de l’azote au potager. Alors attention, je vous vois venir, on fait pas directement sur les plants. Pour ce faire, on dilue l’urine à 10% dans l’eau d’arrosage et on l’utilise toutes les trois semaines maximum.
Petites et grandes choses à ne pas oublier en avril
- Bouturer les patates douces
Si vous avez fait germer vos patates douces en les mettant dans de l’eau, il est temps de couper les tiges pour les mettre à raciner. On oublie pas de faire des tiges d’au moins 4 feuilles et de couper celles qui trempent dans l’eau.
- Mettre en place les pommes de terre germées
Les grand-parents disaient qu’il fallait attendre l’arrivée du lilas pour mettre les patates en place au potager… Chez moi, c’est chose faite. Alors go go go plantez vos patates !
- Surveiller les jeunes pousses repiquées
Je ne vais pas vous mentir : je sors à la frontale la nuit dans mon potager. Il faut ce qu’il faut quand il s’agit de limaces. Cette année, je fais face à une horde de bébés limaçons des plus gourmands. Je ne partage pas quand il s’agit de protéger mes laitues !
- Penser à la cueillette sauvage
Au-delà du potager, il y a aussi plein de choses à manger ! C’est la pleine saison de tout un tas de plantes sauvages et comestibles que j’adore : orties, ail des ours, asperges sauvages, pissenlits, plantains, violettes…
Que sème-t-on en avril ?
Cette liste n’a pas vocation à être exhaustive mais simplement à vous donner quelques indications et idées :
- À l’intérieur : les haricots, les dernières tomates, quelques fleurs comme les œillets, les soucis ou les capucines…
- À l’extérieur sous abri : des tournesols, de la rhubarbe, des poireaux, du céleri, des courges à gogo, du fenouil…
- En pleine terre : des radis, des fèves, des betteraves, des blettes, des carottes, des navets, des épinards, des petits pois, de la roquette, des oignons…
Vous l’aurez compris, vous avez de quoi vous occuper en ce mois d’avril ! Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez pas à m’en faire part. Et on se retrouve le mois prochain pour un nouveau calendrier du potager !
Cet article est rédigé par Elise Ruiba. Après plusieurs années à travailler dans la vie culturelle nantaise, Élise a choisi l’autre culture : celle de la terre. Elle a fait plusieurs woofings qui l’ont convaincue de la nécessité des métiers en lien avec l’agriculture. Elle a ensuite eu le plaisir de faire partie de l’équipe de La Box à Planter et y concevait des box pour mettre des graines entre les mains des débutant.e.s en leur apportant tous ses meilleurs conseils. Aujourd’hui, elle continue d’apprendre à travers des stages, des formations et du bénévolat. Pour suivre les aventures vertes d’Elise, retrouvez-la sur Instagram : @sicauplants
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