Balade en sauvage urbain

Lorsqu’on par­le d’espèces végé­tales, on imag­ine de la ver­dure, avec sa rosée du matin et ses rayons de soleil qui tra­versent les feuilles.

par | 16 février 2020

Lorsqu’on par­le d’espèces végé­tales, lorsqu’on par­le de nature, on imag­ine sou­vent un coin de ver­dure bucol­ique, avec sa rosée du matin et ses rayons de soleil qui tra­versent les feuil­lages. Pour autant, le monde végé­tal a colonisé l’ensemble (ou presque) du globe. 

Le végé­tal s’est instal­lé partout, y com­pris dans l’environnement le plus human­isé : la ville. 

Avez-vous pris le temps dernière­ment de vous promen­er dans les rues de votre ville ? Avez-vous pris le temps d’observer ce petit pied de plan­tain qui perce le bitume juste à côté de votre porte d’entrée ? Ne trou­vez-vous pas ce phénomène tout sim­ple­ment sur­na­turel ? 

Pen­dant des décen­nies, les villes ont ten­du vers la minéral­i­sa­tion, l’homogénéisation, l’hygiénisation de ses sur­faces. Face à cela, les espèces végé­tales se sont adap­tées, elles ont mod­i­fié leurs cycles de végé­ta­tion, la pro­duc­tion de leurs graines afin que chaque inter­stice, chaque recoin entre deux briques puisse être un lieu de pousse. 

Les espèces végé­tales vivent et poussent dans des endroits improb­a­bles, nous vous pro­posons alors de repar­courir votre ville avec un autre regard.

Les (re) belles de bitumes

Durant une journée ensoleil­lée (c’est plus agréable), partez vous balad­er.

Dès le pre­mier pas dehors, regardez à vos pieds. Le long des trot­toirs, entre deux fis­sures du bitume, vous apercevrez sûre­ment des espèces courageuses. 

Un pied de pâturin com­mun par là, un peu plus loin sur la gauche, un plant de figu­iers… Ces espèces prof­i­tent d’une fis­sure, d’un inter­stice entre deux pavés, pour pouss­er.

Ain­si sous nos pas, résis­tant à nos foulées, ces espèces nous ren­dent de mul­ti­ples ser­vices. Tout d’abord, leur présence facilite l’infiltration des eaux de pluie. Elles sont aus­si, avec leurs sys­tèmes raci­naires, des fil­tres en puis­sance, cer­taines espèces étant même des cap­ta­tri­ces de pol­lu­ants.  

Cer­taines espèces comme l’ortie, ou le coqueli­cot sont bien con­nues et recon­nues, mais la plu­part des plantes qui arrivent à pouss­er en ville sont sou­vent con­sid­érées comme des mau­vais­es herbes. Pen­dant des décen­nies, elles ont été arrachées, saupoudrées de désherbant et pour­tant elles sont à la base d’écosystèmes entiers.  Des espèces telles que la renouée des oiseaux jouent un rôle pour les bêtes à plumes de nos villes, leurs fruits offrant une source de nour­ri­t­ure sup­plé­men­taire durant l’hiver. 

Après avoir fait quelques pas,  prenez cette rue que vous n’avez jamais par­cou­rue, faites un détour de votre ordi­naire.  Vous apercevrez sûre­ment un plan­tain qui déploie la rosace de ses feuilles pour capter un max­i­mum de lumières. Cette espèce comestible est aus­si médic­i­nale (leurs feuilles frois­sées ont un pou­voir cica­trisant).  Et puis, pour observ­er cer­taines espèces, il faut par­fois regarder de plus près le sol. En vous pen­chant, vous pour­rez admir­er d’autres plantes, plus déli­cates et dis­crètes, comme la sax­ifrage à trois doigts. Ses feuilles col­lantes col­lectent sou­vent les déchets volatiles que les hommes sèment der­rière eux.

Et puis par­fois, à l’abri des regards pousse un arbre, qui a échap­pé à la sur­veil­lance humaine. Bien sou­vent, ce sont les oiseaux fru­gi­vores qui ont dis­per­sé les graines. Les mer­les, les étourneaux, dis­sémi­nent alors les vignes vierges ou les troènes qui peu­plent nos rues. 

En con­tin­u­ant votre route, surtout si c’est le print­emps, le gris du sol se par­era de tâch­es de couleurs. Du vert, bien sûr ! Un vert ten­dre presque blanc, celui des jeunes pouss­es, mais aus­si un vert plus fon­cé, celui des tiges et feuilles plus anci­ennes et puis toutes ces autres nuances qui sont présentes devant nous. Depuis que les pro­duits phy­tosan­i­taires ont été inter­dits en ville, d’autres tâch­es col­orées se font plus présentes. Des tâch­es rouges, pou­vant appartenir aux coqueli­cots si elles sont près du sol, ou à des ros­es trémières si celles-ci se meu­vent à hau­teur d’homme, ou des tâch­es jaunes qui ponctuent les rues, celles du laiteron, de la camomille échap­pée du jardin voisin. La ville accueille alors de plus en plus d’espace sauvage. 

En lev­ant la tête, et en obser­vant les murs que vous longez, de nou­veaux tableaux appa­rais­sent, les inso­lentes de nos murs. 

Balade à suiv­re…. 



Une balade rédigée, pho­tographiée et illus­trée par Col­ine. Retrou­vez-la sur www.projetmedhyo.com

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