Cet article est rédigé par Elise Ruiba. Après plusieurs années à travailler dans la vie culturelle nantaise, Élise a choisi l’autre culture : celle de la terre. Elle a fait plusieurs woofings qui l’ont convaincue de la nécessité des métiers en lien avec l’agriculture. Elle a ensuite eu le plaisir de faire partie de l’équipe de La Box à Planter et y concevait des box pour mettre des graines entre les mains des débutant.e.s en leur apportant tous ses meilleurs conseils. Aujourd’hui, elle continue d’apprendre à travers des stages, des formations et du bénévolat. Pour suivre les aventures vertes d’Elise, retrouvez-la sur Instagram : @sicauplants
Il existe plusieurs façons de semer ses propres graines. Dans cet article, nous allons aborder le semis à l’abri : à l’intérieur de chez vous, dans une véranda ou dans une serre. De nombreuses variétés auront besoin de ces conditions pour pouvoir germer correctement et entamer leur croissance paisiblement avant de rejoindre la pleine terre. C’est le cas notamment des légumes du soleil comme l’aubergine, le poivron ou encore la tomate.
Allez, c’est parti, je vous dis tout sur cette technique qui me tient fort à cœur !
Pourquoi réaliser ses propres semis ?
Tout d’abord, réaliser ses semis permet de connaître l’origine des semences, de s’assurer qu’elles soient biologiques et/ou françaises et de choisir ses variétés. Il se trouve qu’il y a bien plus de diversité dans les semences que dans les plants disponibles sur le marché. Vous allez donc pouvoir vous faire plaisir avec des tomates de toutes les couleurs et autres légumes surprenants !
Aussi, cette technique de semis, nous permet de prendre de l’avance sur les semis réalisés en pleine terre. On s’y prend quelques semaines plus tôt et le plant est déjà bien avancé au moment du repiquage.
Cela met d’ailleurs en lumière un autre avantage : devancer les gastéropodes. En semant à l’abri, nous allons permettre aux jeunes plants de commencer leur croissance sans l’ombre d’une limace ou d’un escargot pour venir les grignoter. Ils seront ensuite repiqués au potager quand ils seront bien robustes et qu’ils auront les capacités de lutter contre toutes ces bébêtes.
Enfin, réaliser ses propres semis a pour moi l’avantage de pouvoir acclimater nos plants à notre environnement. En effet, beaucoup de plants trouvés dans le commerce sont élevés dans des serres chauffées, ils risquent donc de subir un choc en rejoignant les températures pas toujours clémentes de notre potager.
Par gain de place, les plants sont souvent très serrés et on risque de se retrouver avec des tiges hautes et fines au lieu de fortes et trapues.
Pour ces mêmes raisons de productivité, j’ai déjà vu des plants malades dans des jardineries : si un plant est contaminé par une maladie ou un champignon, tout le monde y passe !
En élevant vos petits à la maison, vous leur garantirez la meilleure croissance possible dans les meilleures conditions.
Comment bien réussir ses semis à l’abri ?
Rassurez-vous, la liste peut paraître impressionnante mais vous n’aurez pas besoin de mille accessoires introuvables pour vous lancer dans l’expérience, c’est promis !
1️⃣ Le matériel nécessaire pour semer
Le terreau
Pour moi, c’est l’ingrédient essentiel : un bon terreau. Je le prends toujours sans tourbe et utilisable en agriculture biologique. Il est important que celui-ci ait une bonne rétention d’eau pour pouvoir hydrater correctement vos jeunes pousses sans faire pourrir les racines. Vous en trouverez en jardinerie, dans des magasins de bricolage et même parfois en ligne.
Vous pouvez aussi réaliser un terreau maison avec 10% de sable, 20% de compost et 70% de terre du jardin. Je ne l’ai jamais fait moi-même car j’ai entendu certains retours négatifs par rapport aux graines indésirables présentes dans le compost et qui risquent de germer.
Je pense que ça vaut quand même le coup de tenter, vu les prix du terreau aujourd’hui !
Les contenants
Règle numéro un : je privilégie toujours les contenants de récup’ ! On trouve énormément de godets individuels dans les poubelles des cimetières, dans les jardineries, dans les déchèteries, dans les ressourceries… Vous pouvez aussi vous servir de vieux pots de yaourts que vous veillerez à percer pour éviter que l’eau ne stagne dedans.
Mais évidemment, si vous n’avez pas le temps ou l’envie de trainer de ce côté là, vous trouverez tout ce qu’il vous faut en jardinerie ou en magasin de bricolage.
Vous pouvez aussi semer dans ce qu’on appelle des « terrines » : des récipients plus larges et généralement plus bas que les godets. Je m’en sers notamment pour les semis de fleurs mais aussi pour semer plusieurs variétés de tomates ensemble par exemple.
Je récupère des barquettes de petits fruits ou des barquettes de plats à emporter que je viens trouer, encore une fois. Certaines personnes utilisent même des briques de jus de fruits ou de lait.
On peut également semer ses graines dans des « plaques alvéolées », généralement utilisées par les professionnels. Selon moi, à n’utiliser que si vous avez prévu de réaliser de grosses quantités de semis. En-dehors de cela, ça prend de la place et ce n’est pas très pratique. De mon côté, je m’en sers quand je sème des épinards ou des petits pois en grosses quantités.
Les petits plus :
Je n’ai aucun de ces accessoires et cela n’est pas du tout obligatoire mais peut-être que vous voulez vous lancer dans la compétition de semis, et pourquoi pas après tout !
Vous pouvez donc vous équiper de lumières artificielles qui permettront à vos semis d’avoir les 10 heures de lumière dont ils ont besoin pour grandir de façon optimale.
Certaines personnes utilisent également des tapis chauffants pour assurer une température constante autour des 20°C, notamment pour les légumes du soleil.
2️⃣ Les bonnes conditions de semis à l’abri
La température
Les semis réalisés à l’abri sont ceux qui ont besoin d’une température de germination plus élevée, en général autour de 18°C. Si vous cherchez sur Internet, vous trouverez très facilement un tableau récapitulatif avec toutes les températures idéales de croissance pour chaque variété que vous souhaitez semer.
À titre d’exemple, la température idéale de croissance de la laitue est autour des 15°C, elle pourra même supporter des températures de 5°C. Je ne la sème jamais à l’intérieur car je me retrouve toujours avec des plants qui filent car trop de chaleur et pas assez de lumière.
La lumière
Parlons-en, tiens… Avant la levée des petites pousses, il importe peu que les contenants soient bien éclairés. Mais dès qu’elles pointent le bout de leurs feuilles, il est impératif de leur garantir le meilleur taux d’ensoleillement possible. Pour cela, privilégiez vos fenêtres plein sud, une véranda (à condition que la température y soit clémente) ou encore une serre froide en journée (pour veiller à une température idéale encore une fois).
Si les semences ne trouvent pas assez de lumière, vous pouvez être sûr·e que vos plants vont filer : vous aurez des tiges toutes frêles et longues, sans vigueur et qui finiront par s’affaisser.
Si vous ne disposez pas d’un endroit suffisamment lumineux, vous pouvez, comme dit plus haut, vous équipez en lampes de croissance.
L’eau
Pas d’eau, pas de potager, ça je crois que vous l’avez bien en tête. C’est tout pareil pour l’étape des semis : la bonne hydratation est cruciale.
Pour commencer, je sème toujours dans un substrat bien irrigué au préalable. Je trempe mes godets, mes terrines ou mes plaques alvéolées dans un plateau rempli d’eau jusqu’à ce que la surface de terreau soit bien humide. On voit souvent des personnes arroser après coup mais je préfère amplement le faire avant. Grâce à cette technique, normalement vous êtes tranquille jusqu’à la germination des graines.
C’est essentiel de garder le terreau humide tout au long de la croissance pour que les racines de vos plants se développent au mieux. Pour se faire, encore une fois, je privilégie la subirrigation en faisant tremper les contenants quelques minutes, jusqu’à ce que la surface soit imbibée.
3️⃣ Échelonner les semis
Avec l’expérience, j’ai appris une astuce primordiale que je vous dévoile ici : semer par petites quantités mais régulièrement. On a souvent tendance à se lancer dans des dizaines de plants en voulant tout voir pousser d’un coup, mais c’est une fausse bonne idée.
Échelonner les semis vous permettra dans un premier temps d’avoir des semis sous la main en cas de pépin. Imaginez qu’un coup de froid arrive alors que vous avez déjà repiqués vos premiers plants au potager ? Grâce à vos plants encore au chaud, vous pourrez sauver la mise !
Si vous lancez plusieurs semis à l’abri, vous pourrez implanter vos cultures à des dates espacées. C’est avantageux notamment quand on a une serre et qu’on souhaite, par exemple, réaliser une série de tomates à repiquer avant mai dans celle-ci. On lance un semis pour les tomates en serre et deux ou trois semaines après, un autre pour les tomates en extérieur.
En échelonnant vos semis, vous assurerez une récolte constante. C’est le cas notamment pour les laitues ou les radis. J’ai pris l’habitude de les semer toutes les deux semaines et comme ça, j’ai des légumes à récolter au fur et à mesure.
Cela évite également de crouler sous les légumes. Quand tous vos pieds de courgettes donneront en même temps et que vous n’en pourrez plus d’en manger à toutes les sauces, croyez-moi, vous repenserez au paragraphe de cet article !
Et après ?
Vous avez réalisé vos semis à l’abri, vous les avez choyés, ils sont en pleine forme et ils ont leurs quatre premières feuilles ? Il va être temps de les repiquer en pleine terre… On se retrouvera dans un autre article le mois prochain dans lequel je vous indiquerai tous mes conseils pour réaliser cette étape sans aucun pépin !
J’espère que cet article vous aura donné envie de passer à l’action et de semer à la folie !
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