Enquête : Les crises de l’eau, des crises politiques souterraines ?

La crise d’eau, c’est accen­tué ces dernières années. Les ressources en eau ne sont pas infinies alors nous vous don­nons des astuces pour économiser votre eau.

par | 1 février 2023

Par Klervi Fustec.


L’été dernier, la France a fait face à une forte canicule. Elle c’est car­ac­térisée par de faibles pré­cip­i­ta­tions, des sols secs et un niveau bas des nappes souter­raines et des cours d’eau. Cela s’est traduit par des restric­tions quant à l’utilisation des ressources en eau, des inquié­tudes par­mi le monde agri­cole, des inter­ro­ga­tions vis-à-vis de la pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité, des doutes con­cer­nant la pro­duc­tion des cen­trales élec­triques et des inter­dic­tions pour les par­ti­c­uliers, telles que l’arrosage des plants à par­tir du réseau d’eau potable.

En effet, les ressources en eau ne sont pas infinies. On appelle “crise de l’eau” une sit­u­a­tion où les ressources en eau ne per­me­t­tent plus de répon­dre aux besoins des pop­u­la­tions. Ce n’est pas unique­ment une crise naturelle. C’est le résul­tat d’interactions entre l’élément naturel qu’est l’eau et les choix de société que nous faisons pour le gér­er.

Une crise de l’eau est-elle la conséquence d’un rapport quantitatif entre eau disponible et population ?

Bien sou­vent, par­lant de crises de l’eau, la com­para­i­son est faite entre l’eau disponible et le nom­bre d’habitants d’un ter­ri­toire. L’étude des­sine alors des cartes présen­tant des indi­ca­teurs de rareté. Faisant appa­raître des ter­ri­toires en sit­u­a­tion de pénurie (Moyen-Ori­ent, Inde, Afrique du Nord, Chine…) et d’autres qui s’en sor­tent plutôt bien (Amérique latine, Cana­da, Europe…). En réal­isant des pro­jec­tions basées sur l’augmentation de la pop­u­la­tion, il serait ain­si pos­si­ble de déter­min­er les futures crises de l’eau

Si le prisme “eau-pop­u­la­tion” est certes déter­mi­nant, l’ex­pli­ca­tion des crises de l’eau unique­ment à par­tir de ce prisme n’en reste pas moins prob­lé­ma­tique. Tout d’abord, l’identification des crises à l’échelle d’un pays pose prob­lème car le con­texte local peut être très dif­férent au sein d’un même pays. Ain­si, au Cana­da, où le rap­port entre eau et pop­u­la­tion est con­sid­éré comme bon, dans cer­taines réserves indi­ennes, l’accès à une eau de bonne qual­ité n’est pas tou­jours assuré. Ensuite, ce cal­cul ne tient pas compte du fait que les êtres humains n’u­tilisent pas l’eau de la même manière partout dans le monde. Par exem­ple, tout le monde ne pos­sède pas de lave-vais­selle ou de machine à laver. Enfin, grâce à des change­ments d’habi­tudes au sein des sociétés, il reste pos­si­ble qu’une aug­men­ta­tion de la pop­u­la­tion n’engendre pas une aug­men­ta­tion de la con­som­ma­tion d’eau. En France par exem­ple, la banal­i­sa­tion des toi­lettes sèch­es au détri­ment des toi­lettes clas­siques (ali­men­tées à l’eau potable), per­me­t­trait de forte­ment dimin­uer les besoins en eau.

crise de l'eau

Une crise de l’eau est-elle uniquement due au climat ? 

Il est générale­ment admis qu’un cli­mat sec serait plus prop­ice aux crises de l’eau qu’un cli­mat humide. Pour­tant, la canicule de l’été passé en France nous rap­pelle que même un pays au cli­mat tem­péré peut se retrou­ver con­fron­té à ce genre de crise.

Il est cer­tain que le cli­mat déter­mine les ressources en eau présentes sur un ter­ri­toire. Cepen­dant, les fac­teurs soci­aux, poli­tiques et économiques doivent égale­ment être pris en compte. Le cas de Cochabam­ba en Colom­bie en 1999–2000, où a eu lieu une véri­ta­ble crise de l’eau, sou­vent qual­i­fiée de “guerre de l’eau”, en est la par­faite illus­tra­tion. Cette sit­u­a­tion n’était pas due à des fac­teurs cli­ma­tiques mais à la pri­vati­sa­tion des ressources en eau ayant con­duit au dou­ble­ment de son prix. 

Les crises de l’eau ne sont pas inévita­bles : face aux déter­mi­nants cli­ma­tiques, les êtres humains sont capa­bles de réalis­er des choix et de s’adapter. Ain­si, il est pos­si­ble de choisir de dévelop­per une agri­cul­ture plus ou moins con­som­ma­trice en eau.

Faut-il produire plus d’eau pour éviter les pénuries ?

L’idée selon laque­lle il faudrait tou­jours sat­is­faire la demande crois­sante en eau est répan­due. Les pop­u­la­tions sem­blent réclamer tou­jours plus d’eau, entre autre dans le cadre de régimes ali­men­taires de plus en plus carnés (l’élevage étant très con­som­ma­teur d’eau). 

Pour fournir plus d’eau douce aux pop­u­la­tions, les pays dévelop­pent des solu­tions tech­niques, sou­vent très con­som­ma­tri­ces en énergie et induisant beau­coup de déchets. Le cas du dessale­ment de l’eau de mer, solu­tion choisie par cer­tains gou­verne­ments (comme en Espagne), est emblé­ma­tique de ce prob­lème.

Répon­dre à la demande crois­sante en eau sans s’interroger sur les usages et les besoins légitimes pour­rait donc s’apparenter à une fuite en avant.

crise de l'eau

Quels sont les besoins légitimes en eau ? 

L’Organisation Mon­di­ale de la San­té a estimé que le min­i­mum néces­saire pour les besoins d’hydratation et d’hygiène était de trente à cinquante litres d’eau par jour par per­son­ne. Chaque Français en con­somme quo­ti­di­en­nement env­i­ron cent cinquante tan­dis que dans cer­tains endroits de l’Afrique sub-sahari­enne, la con­som­ma­tion peut être inférieure à vingt litres. Il y a donc de très grandes iné­gal­ités à l’échelle de la planète. 

Cela pose la ques­tion des besoins légitimes en eau. Pren­dre une douche par jour, laver les vête­ments après une util­i­sa­tion, relèvent-t-ils de l’essentiel ou de l’accessoire ?

En France, lorsque nous prenons l’eau du robi­net pour arroser nos fleurs ou nos légumes, c’est de l’eau potable que nous util­isons. Cette eau a été cap­tée, traitée, achem­inée… De nom­breuses solu­tions exis­tent pour réduire la con­som­ma­tion d’eau de son bal­con ou de son jardin : récupér­er l’eau de pluie, pailler, cul­tiv­er des plantes de sai­son… 


Une crise de l’eau est donc la com­bi­nai­son de fac­teurs naturels et de déci­sions poli­tiques, de choix de société et de pra­tiques indi­vidu­elles. Il n’y a pas de crises de l’eau en tant que telles mais bien des enjeux con­cer­nant la ges­tion, la pol­lu­tion ou encore l’évolution des usages.

crise de l'eau

30% de la pop­u­la­tion mon­di­ale n’a pas accès à des ser­vices d’alimentation domes­tique en eau potable

60% de la pop­u­la­tion mon­di­ale ne dis­pose pas de ser­vices d’assainissement gérés en toute sécu­rité

30 à 50 litres d’eau par jour par per­son­ne : min­i­mum néces­saire pour les besoins d’hydratation et d’hygiène selon l’OMS

150 litres : con­som­ma­tion moyenne quo­ti­di­enne d’un Français

Sources : OMS et  UNICEF, 2017.

Arti­cle issu du Numéro 2 – Été 2020 – “Observ­er”

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